Philippines

Ticao, et le village perdu… (épisode 1)

4 Déc , 2015  

Auteur :Laurent /

 

Mardi 11 août, nous quittons notre guest house « Hope Homes » avec Volker vers 10h, après avoir avalé un breakfast copieux. La note ayant été réglée hier, nous sautons dans notre taxi qui vient d’arriver, après avoir dit au revoir à Laura, la stagiaire allemande. Le taxi nous emmène jusqu’à l’embarcadère d’où part le ferry, soit une quinzaine de kilomètres pour rejoindre Tagbilaran pour 600 pesos.

Le bateau part à 11h15, nos places sont à l’extérieur sur le pont, les moins chères. La mer est calme, il fait beau et je profite un peu de la vue, où défilent les îles, accoudé sur la balustrade pendant qu’Alex lit.

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Deux heures plus tard nous arrivons à Cebu et c’est de nouveau en taxi que nous allons « au village » le nom de notre hostel, surement tenu par un français. En attendant notre chambre, prête à 16h, nous profitons d’une boisson offerte puis nous allons déjeuner dans un resto local à deux pas.

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Une fois installés dans notre chambre nous partons tous les trois en direction d’un mall (centre commercial) à un quart d’heure à pied histoire de se balader et de retirer de l’argent. Nous arrivons dans ce temple de la consommation de cinq étages, immense, moderne, au formes arrondies, futuristes, où toutes les marques que l’on retrouvent partout sont présentes ici aussi ;
d’immenses jardins arborés au centre, des esplanades, et de grandes marches pour s’assoir, etc.
Un contraste, même un choc, quand on pense que des enfants sont en guenilles et font la manche au coin de la rue. Les magasins sont pratiquement vides, à part les vendeurs et vendeuses, et on se demande qu’elle est la raison d’une telle débauche d’argent. Pour qui, pour quoi ?

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Nous retournons à notre « base » après avoir bu un coup et mangé une salade de fruits comme repas du soir, et nous buvons un dernier verre dans le jardin de la guest house, en écoutant la musique d’un groupe jouant à côté, dans le bar à ciel ouvert.

Ce matin, mercredi nous travaillons sur le blog et faisons le check out vers midi avant d’aller manger dans un autre petit resto local. Ce qui nous revient à 130 pesos avec un coca (2,60 euros). Comme nous partons demain pour une petite île, nous en profitons d’être en ville pour aller se renseigner des tarifs chez le coiffeur qui est lui aussi à deux pas de notre guest house.

Nous rentrons dans le salon et sommes accueillis par un ladyboy, ce que j’appelle moi gentiment un « monsieur-madame ».
Un homo qui se donne l’apparence d’une femme, comme en Thaïlande.
Les tarifs sont simples : 40 pesos pour les hommes et 50 pesos pour les femmes soit 80 centimes et un euros !!
Probablement la coupe de cheveux la moins chère de notre vie ! Évidemment pas de shampoing, ou de massage de cuir chevelu, mais une paire de ciseaux un peu rouillés, qui ne coupent plus trop, et quand même une tondeuse électrique.
Voilà, nous sommes parfaits ! Enfin moi ça va, Alex quant à elle, remarque une petite différence de longueur d’un côté. Il suffira de marcher la tête un peu penchée, on y verra que du feu !

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En milieu d’après midi, nous récupérons nos sacs laissés à l’auberge de jeunesse et prenons un taxi avec Volker, de nouveau direction le port. Un couchsurfer, Jaypee, avec qui nous avons conversé depuis plusieurs jours, nous invite sur la petite île de Ticao où il s’occupe de la maison de sa tante.

Notre ferry qui va naviguer toute la nuit pour rejoindre l’île de Masbate ne nous coûte que 800 pesos, soit 16 euros, diner et petit déj compris, incroyable ! Notre « couchette » assez rudimentaire, est dans un dortoir géant avec des centaines de lits superposés, et se situe sur l’avant dernier pont du bateau, ouvert sur les côtés, nous laissant voir la mer. Nous quittons le port vers 17h30. Nous avançons doucement le long de l’estuaire, face à nous des « quartiers » entiers de maisons sur pilotis faites de bric et de broc. La nuit tombe et nous profitons d’un joli coucher de soleil à l’arrière du bateau, sur le pont supérieur où nous sirotons tous les trois, une bière bien fraiche. Notre « plateau repas » est servi. Une cuisse de poulet, du riz blanc, et un mini gâteau sec. C’est sûr, c’est pas la croisière luxe !

La nuit est tombée. Deux chanteuses et un musicien viennent agrémenter la soirée en reprenant des tubes internationaux des années 90’, histoire de distraire les passagers. Nous rejoignons notre couchette vers 22h30. Je pique un matelas sur une couchette voisine, car le mien est vraiment trop fin et je sens la ferraille en dessous. Il y a une seule télé au milieu de la salle pour 300 personnes et le son est à fond pour que tout le monde entende la série télé du moment et les nombreuses publicités. Ça hurle sur le pont. Plus les trois, quatre coqs attachés à des tables, au pont inférieur qui hurlent chacun leur tour. Ça va être compliqué pour dormir !
Nous appelons Mr Quiès ! Tu me fous les boules !?… dans les oreilles…  A 23h00 la télé s’arrête net. On se couche enfin. Je suis tourné du côté de la mer que je regarde pour m’endormir rafraichit par la brise.

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Volker, et sa plaie à la jambe !

 

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Jeudi 13 Août.
Il est 5h30 quand je suis réveillé par le levé de soleil sur la mer, que je vois depuis mon lit. Je le contemple quelques instants avant de me rendormir. A 6h30 la télé se rallume à fond, pour débiter des publicités à la c…  Malgré mes boules Quiès je tente de me rendormir, mais à 7h00, j’abdique. Volker, sur la couchette à côté de moi est aussi réveillé et nous décidons d’aller sur le pont supérieur à l’extérieur. Les petit déj sont servi dans des boites en polystyrène. Riz, deux mini saucisses, œuf dur. Bah oui c’est le ptit déj Philippin ! Un peu sec quand même !
Je rapporte celui d’Alex. Petit déjeuner au lit, s’il vous plait ! On a trouvé un distributeur d’eau chaude et l’on se prépare un petit café, on a toujours dans notre « sac de survie », que l’on boit parterre devant nos lits. Si ça c’est pas le bonheur !

Le bateau arrive vers 9h30 dans le petit port de Masbate.
Nous sortons sur le quai et là, à la sortie nous reconnaissons Jaypee qui nous attend. Présentations rapides et il nous emmène faire quelques courses au supermarché du coin, avant de prendre un Jeepney pour aller à son bateau. Nous prenons surtout à boire car il nous dit que l’on pourra trouver de quoi manger au village de Gibraltar, sur l’ile de Ticao.

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Nous montons dans un mini van sans âge. Nos sacs sont chargés sur le toit. Nous devons attendre que le véhicule soit rempli avant de partir. Nous attendons près d’une heure. Le Jeepney est plein, soit quatorze personnes. Le toit est surchargé de bagages, de sacs de riz de 50 kgs, et même de sacs de glace, qui fond à vue d’œil avec la chaleur qu’il fait. Un jeune gars va rester sur le toit pendant le trajet pour surveiller que rien ne tombe. On part enfin pour une quinzaine de kilomètres ponctués d’arrêts où le chauffeur rajoutera de la marchandise un peu partout. Le van traîne parterre et il roule difficilement. Mais comme doivent penser les philippins, tant que ça roule…
Mais justement ça ne va pas rouler longtemps. Au bout de quelques kilomètres, le pneu arrière gauche éclate, et le chauffeur se gare sur le côté. Il va mettre une demi heure à changer la roue car le van surchargé est trop lourd pour le cric. Son aide de « toit » va presque tout descendre pour y arriver. Nous reprenons la route, et discutons avec un vieux philippin qui parle bien anglais, pour avoir barouder un peu dans le monde entier et nous raconte ses anecdotes.

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Nous arrivons à notre « arrêt ». Nous descendons au bord d’une petite plage pour rejoindre le bateau de Jaypee, elle est jonchée de détritus et même d’un cadavre de chien en décomposition. Nous montons à bord d’un petit bateau traditionnel à balancier, où l’on s’entasse tout les quatre plus le « pilote ».
La traversée dure une vingtaine de minutes pour rejoindre la petite île de Ticao, et sa maison qui est à l’extrême pointe de l’île. Nous approchons et apercevons les quelques cabanes sur pilotis des habitants et pêcheurs. Nous contournons la pointe et arrivons enfin sur l’immense plage avec la maison en face de nous. Quelle vue magnifique, une mer turquoise, des cocotiers tout du long, des bateaux de pêcheurs colorés sur le rivage, une vraie carte postale.

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Nous débarquons sur la plage, nos sacs sur le dos, il fait très chaud, et empruntons le chemin cimenté, aménagé sur le terrain de sa tante. Il fait une centaine de mètres à travers la végétation, un peu d’herbe et des cocotiers. Nous passons la barrière du jardin de la maison, entourée de murs, et déposons nos affaires. La maison est la plus grande du village et surtout une des seules en dur. Elle est grande, presque trop par rapport à celles du coin. Un grand jardin, plus des hectares de terrain tout autour y compris une bonne partie de la plage. Il y a un sorte de terrasse sur trois étages, et une cabane en dur surélevée, en bas pour se reposer à l’ombre face à la mer. La maison appartient en fait à sa tante qui est marié à un Hollandais et ils vivent une partie de l’année en Hollande. Jaypee fait office de gardien en quelques sortes et elle lui envoie de l’argent pour subvenir à ses besoins.

Il y a aussi deux chiens, un mâle et une petite chienne noir et blanc un peu maigre qui vient d’avoir des petits.
Il y a l’eau, presque courante, quand l’électricité fonctionne, grâce à une pompe. Pour se laver dans la salle de bain, on remplit une gamelle d’eau, que l’on prend dans un gros bidon.

Nous admirons la vue tout les quatre, assis sur la barrière du balcon en buvant un coup. Jaypee nous dit qu’il est paresseux et qu’il aime dormir et ne rien faire. Mais en même temps ici, il n’y a rien faire, et il fait si chaud…

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Vers quatre heures, les enfants du village rentrent de l’école, et ils se retrouvent tous sur la terrasse de la maison, comme dans une cour de récréation et jouent à leur jeu favori, qui consiste au départ, à tirer sur une boite de conserve avec leurs tongs.
Donc matériel nécessaire : Une boite de conserve, et ses tongs !! Pourquoi s’emm…. avec des jouets !!!
En tout cas ils ont l’air de s’éclater, et ça fait plaisir à voir. Ils nous regardent un peu étonnés au début et nous lancent des « Hello, what’s your name ? ».

 

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Nous partons avec Jaypee faire un tour dans le village histoire d’acheter quelque chose à manger.
Nous traversons le village et tout le monde nous regarde avec insistance. Les gens sont assez pauvres, ils habitent dans des cabanes en bambou, sont pour la plupart pêcheurs, et se contentent de pas grand chose. Il y a quelques vagues échoppes où l’on trouve des produits de base, de l’eau filtrée, sucres, gâteaux, quelques rares légumes, du riz, des cigarettes, et aussi tout un tas de conneries, bombons, gâteaux, chips, barres chocolatées, en sachets plastiques individuels rapportés des supermarchés des plus grandes villes, dont on a rendu addict les gamins, et pas que.

Nous croisons pleins de gamins un peu crasseux qui traînent dans le village, même des tout petits, pleins de chiens errants aussi. Nous arrivons devant une petite « boutique » où une femme préparent tous les jours quelques plats cuisinés.
Purée de citrouille, pattes de poulet (et pas les cuisses !) du porc adobo en sauce, (en fait trois micro bouts de viande pour le reste de gras), une soupe de couenne de porc, quelques poissons grillés, des saucisses de porc, œufs durs, et d’autres choses non identifiées… ça va être dur !

Nous optons pour la purée, des saucisses, œufs durs, un poisson grillé pour Alex. Jaypee a du riz, on verra bien.

 

Après manger, nous partons prendre un bain de mer avec Alex en empruntant l’allée bétonnée traversant le terrain appartenant à la tante de Jaypee, et là notre déception est grande. Dans cette sublime végétation qui fait rêver tout le monde quand on la voit de loin, le terrain est un dépotoir. Tout autour de nous le terrain est parsemé de détritus et de milliers de petits emballages plastiques des fameux produits que l’on trouve dans les échoppes du village. Jusque sur la plage, et même dans la mer. La nature sert de poubelle des gens du village. Et tous les enfants qui mangent leur « quatre heures » dans ces petits sachets plastiques, les jettent tout naturellement parterre où qu’ils soient, même dans la mer.
Quel carnage ! Une si belle nature, magnifique de loin, complètement saccagée par les industriels de la malbouffe, qui envoient par bateaux entiers les produits de consommation facile, sans se soucier des déchets. Et les habitants quand à eux, ne sont pas informés, les enfants encore moins, et il n’y a rien pour collecter les déchets. Mais ne se rendent-ils pas compte que leur environnement est devenu une décharge ? ça n’a pas l’air de les gêner non plus.

Nous trouvons quand même un endroit de la plage où la mer semble propre, et allons nous baigner.
L’eau est à 32 degrés, pas dur d’y entrer. Volker ne veut pas se baigner à cause de ses plaies suite à l’accident.
Nous rentrons manger et faisons plus ample connaissance avec Jaypee.
Ce soir nous allons nous coucher de bonne heure, la nuit sur le bateau a été courte.

A suivre…


2 Responses

  1. Skyjacks dit :

    C’est bien de continuer avec Volker pour avoir l’excuse de prendre des bières, bien joué Laurent 😉

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