Chine,Mongolie

Passage « clandestin » de la frontière Mongo-chinoise

7 Juil , 2015  

Auteur : Laurent /

Lundi 15 juin – Départ pour Zamyn Uud où le Passage de la frontière Mongo-chinoise.

16h30, Le mari de Doljmaa vient de nous déposer à la gare. Un train est à quai et semble en attente, et en y regardant à deux fois la destination inscrite dessus, (en caractère cyrillique), nous en déduisons Zamiin Ude. C’est notre train.

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17h20 le train démarre de Oulan-bator, direction Zamiin Uud, près de la frontière chinoise.
C’est un train de nuit en seconde classe (ou « coupé », en mongol).
Nous avons tous les deux avec Alex les deux couchettes inférieures et deux mongols d’une cinquantaine d’années sont au dessus. L’un d’eux m’explique qu’il travaille dans la compagnie ferroviaire.
Nous buvons thé et café avec eux sur la mini table du compartiment. Je leur propose des « madeleines » à la fraise, qu’ils acceptent.
Une fois sorti de la ville et de sa « banlieue », la vue ne sera plus que du désert, (de Gobi), jusqu’à l’arrivée, soit la frontière chinoise.

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Encore quelques entrepôts avant le désert

Les deux mongols sortent un énorme saucisson et du pain pour leur repas. Nous, nous avions prévu des « noodles » comme d’habitude dans le train.
Je leur prête un couteau pour couper le saucisson en rondelles, et il nous invite à manger avec eux. Nous acceptons. C’est comme du saucisson à l’ail, mais en très gras, et avec le pain, nous sommes vite rassasiés, voire écoeurés.
Mais du coup, les « noodles », ce sera pour la prochaine fois. Ouais !
Nous commençons à nous coucher, et pour ne pas nous déranger, les deux hommes sortent discuter dans le couloir, c’est sympa.

La nuit passe doucement au rythme et sursauts du train, à chaque arrêt en gare, dans des bourgades paumées.
Le train arrive enfin à 7h00 du matin en gare de Zamiin Uud, frontière chinoise. C’est le terminus et donc…Tout le monde descend. Il fait déjà chaud.
A peine posé le pied hors du train, un homme, appelé « passeur », vient à notre rencontre, pour nous emmener derrière la frontière chinoise. Il y en a plein sur le quai, car on ne peut pas la passer à pied, vu les deux kilomètres de no man’s land qui séparent les deux frontières.
On essaye de discuter le prix mais apparemment tous les passeurs pratiquent le même tarif. C’est leurs business dans le coin.
Ce sera 30000 Tugrik, soit 15 euros. Il nous emmène à sa voiture, et nous sommes chargés à l’arrière avec une femme et sa fille, un peu serré mais bon. Et c’est parti, dans sa vieille voiture qui claque des suspensions. Sur le siège passager avant, il y a un jeune homme qui connait le chauffeur. Il a un bébé Husky dans les bras, et je joue un peu avec le chien, j’essaie de discuter avec lui, on fait les présentations, lui demande le prénom du chien, etc. Ça fait toujours plaisir aux gens de voir qu’on veut parler avec eux.

La voiture s’arrête à deux pas de la frontière mongole et là nous devons descendre. L’homme nous emmène vers une des Jeep à la queue leu leu. Il y en a bien une cinquantaine. Toutes les mêmes. De vieilles Jeep de l’armée russe. Nous montons à bord. Elle est toute pourrie, et la « banquette arrière » n’est en fait qu’une planche, même pas fixée.
Et là va commencer une longue attente. Le chauffeur s’en va. Le jeune homme et son chien aussi. Ensuite une femme monte à l’avant avec une petite fille sans dire un mot. Puis s’en va. Et ça, à plusieurs reprises. Un défilé auquel nous ne comprenons rien. Nous avons l’impression d’être des clandestins, un peu pris au piège. Lorsque le chauffeur revient, je lui demande ce que nous attendons et il m’explique que la frontière n’ouvre qu’à 9h00. Donc une heure et demi d’attente.

La frontière ouvre enfin, mais nous ne sommes qu’au premier check point. Là, toutes les Jeep démarrent, mais ça n’est si simple ! Les véhicules passent au compte goutte. Donc encore une heure d’attente, le temps que notre tour arrive. Entre temps le chauffeur a changé trois fois. Notre chauffeur de départ est parti à la recherche d’autres personnes à faire passer.

Notre véhicule démarre enfin et file d’abord à la frontière mongole. On s’arrête de nouveau en file indienne. Le chauffeur change encore. Nous regardons ça en rigolant, car on se doute bien que c’est comme ça ici, et que tout ira bien. C’est leur façon de faire et il ne faut pas chercher à comprendre. Le chauffeur revient et nous fait sortir du véhicule pour aller à pied à la frontière Mongole. Nous faisons la queue et passons enfin la frontière. Nous sommes sortis de Mongolie. Nous remontons dans la jeep. Les véhicules démarrent pour un premier contrôle, puis stoppent de nouveau juste devant la vrai frontière chinoise. Devant un grand bâtiment flambant neuf. Deux militaires à l’entrée gèrent le flux, et quand ils disent stop, c’est stop ! On ne rigole pas.

Photo prise "clandestinement"

Photo prise « clandestinement » à la frontière chinoise

Nous sommes cinq dans le véhicule avec le chauffeur, plus un de ses collègues qui se planque, allongé derrière sous nos sacs et nous demande de le cacher en se mettant devant. Car je pense qu’on ne peut être que cinq dans le véhicule. Nous entrons enfin.
Bâtiment immense, tout neuf. Contrôle de visa et de photo. C’est bon. Nous sommes en Chine.
La Jeep redémarre à fond sur un énorme boulevard, lui aussi semble neuf, ainsi que tous les immeubles que nous longeons.

Cinq minutes plus tard, nous arrivons enfin à Erenhot, première ville chinoise à la frontière. La Jeep nous dépose. Nous payons le gars, et là ça commence, tout un tas de chinois vient nous voir en disant : « Beijing, mini bus », « taxi Beijing », etc. Nous répondons « no, no ! bus ! » Quand soudain, l’un d’entre eux arrive, avec son chapeau de cow-boy sur la tête nous dit :  « yes bus !, sleeping bus !».

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Notre sleeping bus

Nous les suivons jusqu’à un bureau au rez de chaussée de la rue. Il nous montre le bus garé devant, et nous donne le prix : 440 yuans pour deux, soit, 64 euros pour parcourir les 700 kms jusqu’à la capitale. Le prix a l’air honnête, nous réservons notre place, et il nous offre un café en prime. Le bus partira à 15h00 et il est 13h30, nous avons le temps d’aller manger. Nous faisons un petit tour dans la rue, ou plutôt énorme avenue, et nous échouons finalement dans le seul restaurant Mongol du coin, en Chine. Faut le faire ! Ca fera une sorte de transition avant Pékin !

Nous revenons pour 14h30 comme demandé mais il n’est en fait que 13h30 ! L’horaire d’été de la Mongolie ne s’applique pas en Chine. Du coup nous retournons faire quelques courses pour finir de nous débarrasser de nos derniers Tugriks.
Nous rejoignons le bus à la bonne heure, cette fois, et embarquons dans ce bus couchette. Trois rangées dans la longueur, et deux en hauteur, avec sièges ergonomiques. Alex et moi sommes sur la première rangée. Je suis au milieu, donc juste en face du pare-brise et en plus à l’étage du haut. Alex est sur ma droite, à côté de la fenêtre. C’est assez étrange comme position, mais c’est marrant. On ne doit pas trouver ce genre de bus en France ?!

Le bus empreinte de grandes routes toutes neuves et nous traversons plusieurs villes « fantômes », neuves elles aussi. Elle sont récentes, avec de grands immeubles d’habitations avec les jardins d’enfants aux pieds, pratiquement vides. Comme s’ils attendaient leurs occupants.

Le bus fait deux haltes pendant le trajet dont une vers 23h, où je me décide d’aller au toilettes dans une gare routière (la première halte c’était dans la nature, Alex s’est planquée derrière une petite colines.)
Je traverse la cour où tout un tas de bus sont garés. La pause est prévue pour une demie heure et il y a une salle ou l’on entend les gens chanter au karaoké. Arrivé vingt mètres avant l’entrée des toilettes, je sens une odeur pestilentielle.
Je rentre, et là, mis à part l’odeur, une vue imprenable. Les toilettes sont en longueur sur une vingtaine de mètres et sur trois mètres de large. A droite, un mur sur la longueur sert de pissetière, et juste en face les cuvettes à la turc sont alignées, avec de mini séparations et surtout sans portes ! Et face de moi un dizaine de bonhommes accroupis, le c… à l’air, en train d’accomplir leur tâche. Ah c’est spécial ! Je ne m’attarde pas…
Le bus repart, nous essayons de dormir tant bien que mal, car nous devons arriver très tôt demain matin à Pékin…


6 Responses

  1. Hélène dit :

    Que d’émotions ! j’aurais eu l’angoisse en passant la frontière avec le gars caché sous la banquette !!
    Sinon, pour le bus j’ai déjà pris un bus couchette du Portugal vers la France, il y avait les toilettes et la télé (on avait pu regarder plusieurs films) il s’agit des bus Eurolines.
    J’ai bien aimé la petite vidéo, on a l’impression de vous accompagner réellement dans votre voyage …Les toilettes effectivement …très spéciales !!
    A bientôt,
    Hélène

  2. HERBILLE dit :

    Je suis d’accord avec Hélène…trop bien les videos…j’ai l’impression d’être avec vous…super commentaire …j’adore

  3. Dussaux dit :

    Génial avec les vidéos, j aurais eu trop peur pour passer la frontière bisous a bientôt .Chantal

  4. Mamounette dit :

    Bonjour ou bonsoir,
    La personne cachée, les changements de chauffeur, etc. m’auraient certainement angoissée. Il faut savoir garder son sang froid dans ce type de situation. Décidément, je préfère les voyages organisés. Mais vous avez raison c’est du piment dans la vie comme vous l’aimez.
    Gros, gros bisous

    • FreeAs2Birds dit :

      Oui ça peu paraitre impressionnant, mais en fait, nous savions que c’était leur façon de faire… et puis il y avait vraiment tout type de gens, des plus chics qui vont travailler en Chine, au familles… etc !

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